mercredi 18 juin 2014

Conflit à la SNCF : le gouvernement fait le choix de la surdité

Le gouvernement et la direction de la SNCF répandent dans les médias l’idée que la grève actuelle serait un « coup de tonnerre dans un ciel serein », « incompréhensible », car « la négociation dure depuis près de deux ans » et tente désormais d’instrumentaliser le bac. Rien n’est plus faux.

Effectivement, la réforme se prépare depuis plusieurs années et de nombreuses séances de négociations ont eu lieu. Dans toutes ces rencontres, la CGT et Sud-Rail ont largement exprimé leur opposition à la réforme. La CGT a même proposé une réforme alternative, compatible avec le droit européen, dénommée « la voie du service public ».

Plus encore, les cheminots ont déjà mené plusieurs actions « carrés » (non-reconductible) pour marquer leur opposition à la réforme jusqu’à la manifestation du 22 mai qui a réunit plus de 20 000 cheminots (sur 160 000 cheminots et sans appel à la grève c’est énorme). La direction de la SNCF et le gouvernement ont fait le choix de ne pas ouvrir les négociations à ce moment là. Dès lors, il ne restait plus aux cheminots que la grève reconductible pour se faire entendre.

Le gouvernement tente d’instrumentaliser les bacheliers et accuse les cheminots d’irresponsabilité en maintenant leur grève durant les épreuves du bac. Pourtant, c’est le gouvernement qui a choisit la date du conflit. C’est en effet le gouvernement qui a choisit de faire débattre la réforme ferroviaire à l’assemblée nationale au moment des épreuves du bac – sachant pertinemment qu’il y’aurait alors conflit social.

Et pourtant, plutôt que de commencer le mouvement social, la veille de l’ouverture du débat parlementaire, c'est-à-dire le premier jour du bac, les cheminots ont fait le choix de commencer le conflit social une semaine avant. Ils ont voulu laisser le temps à la négociation avant l’ouverture du débat parlementaire et donc avant le début des épreuves du bac. C’est encore le gouvernement qui a refusé tout report du débat parlementaire, préférant laisser le conflit s’éterniser pendant le bac. On notera par contre que le gouvernement a au contraire reporté le débat parlementaire sur la réforme de la « loi famille » pour ne pas risquer un nouveau conflit avec la droite la plus réactionnaire et conservatrice.

Alors qui est illégitime ? 22% des français soutiendraient la grève des cheminots (sondage Harris Interactive du 17/06). Ca ferait toujours 6% de plus que les 16% de français qui font confiance au chef de l’état (Sondage TNS-Sofres du 05/06). Et encore, selon le même sondage, 34% des français connaissent les raisons du conflit à la SNCF. 2/3 des français seraient donc contre un conflit dont ils ne connaissent pas les raisons. On admire le professionnalisme des instituts de sondage.
Au-delà des sondages, faut-il rappeler que ce gouvernement a perdu dans des conditions catastrophiques les deux dernières élections nationales, qu’un parti membre de sa majorité a quitté le gouvernement (EELV) et qu’une centaine de députés de sa propre majorité, qualifiés par la presse de « frondeurs » n’ont pas voté la confiance au gouvernement et cherchent ouvertement à constituer une nouvelle majorité « rose, rouge, vert » en opposition à la politique gouvernementale ? Un gouvernement dont le premier ministre ne représente que 6% des sympathisants de son propre parti (primaire de 2012)….
Et c’est ce gouvernement, totalement délégitimé par les sondages, par les urnes et jusque dans sa propre majorité qui vient dire aux cheminots que leur grève est illégitime ? Mais de qui se moque-t-on ?

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