lundi 25 août 2014

Mélenchon veut-il tuer l’espoir à gauche ?

Le Front de Gauche est bien mal en point ; son éclatement définitif serait la pire des nouvelles pour ceux qui croient encore qu’il existe une alternative à gauche à la crise économique, au libéralisme et à la montée du Front National. Pourtant, l’un de ses principaux artisans, Jean-Luc Mélenchon, s’emploie jour après jour à l’achever.

La prise de distance annoncée de Jean-Luc Mélenchon avec la partie la plus active de la politique est une excellente nouvelle. Une excellente nouvelle car ses sorties, ses déclarations « drue et crues » font aujourd’hui plus de mal que de bien au Front de Gauche.
C’est une excellente nouvelle car le tribun de 2012, celui qui faisait de « l’éducation populaire » dans ses discours, qui publiaient des livres de haute portée politique a disparu pour un adepte de la petite phrase et de la provocation.
Qu’il prenne du recul, se repose, et retrouve l’énergie et la vitalité d’avant Hénin-Beaumont serait nécessaire pour lui, pour son parti, pour le Front de Gauche.
Et surtout, il serait salvateur qu’il cesse de se croire le successeur d’Arlette Laguiller et Olivier Besancenot (dont on connaît le succès politique à tous deux) dans la posture du « plus gauchiste et plus droit dans ses bottes que moi, tu meurs ». Le Front de Gauche en général et Jean-Luc Mélenchon en particulier ont un autre rôle à jouer. Car Jean-Luc Mélenchon est en train de passer à côté du moment politique.

Il use en effet une grande partie de son temps de parole à critiquer la principale composante du Front de Gauche, le Parti Communiste. Selon lui, le PCF serait coupable d’avoir rendu « illisible » le positionnement du Front de Gauche par ses alliances « à la carte » avec le PS aux élections municipales, et désormais par la volonté de Pierre Laurent de se rendre aux universités d’été du PS.
Et il fait désormais les yeux doux à EELV… au moment même où Eva Joly propose dans une grande déclaration un rassemblement de l’extrême-gauche à François Bayrou. Et quand Cécile Duflot lance une violente et méritée charge contre François Hollande, Jean-Vincent Placé la désapprouve. Question « lisibilité », on trouve difficilement plus confus et hésitant qu’EELV (qui sera également aux universités d’été du PS)
Mais surtout, à l’heure où la révolte gronde au PS et jusqu’au conseil des ministres avec la récente sortie d’Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon veut jeter tout le monde dans le même sac, « frondeurs » et supporters de Valls, pour lui, c’est pareil ! Pourtant, qui aurait-été mieux placé que les anciens socialistes du PG pour tendre la main à leurs anciens camarades et leur dire « franchissez le pas, rejoignez-nous. Allez au bout de vos déclarations et lâchez ce gouvernement ». Mais non, Jean-Luc Mélenchon jette l’anathème sur tous ceux qui veulent leur parler. Pierre Laurent en tête.
Oui, le secrétaire général du PCF n’a pas grand-chose à échanger avec Manuel Valls ou François Hollande. Mais si le PS lui offre une tribune pour s’adresser parmi les militants du PS à ceux qui hésitent, qui doutent de la politique du gouvernement, ne devrait-il pas saisir cette opportunité ?
En 2009, une partie du PS l’a quitté pour fonder le Parti de Gauche et le Front de Gauche. Pour que le Front de Gauche rebondisse, pour que l’espoir renaisse à gauche, ne faut-il pas tout tenter pour faire grandir la fronde au PS et en faire basculer la plus large partie dans la contestation à la politique gouvernementale ?

La stratégie de Jean-Luc Mélenchon est suicidaire pour le PG – qui a perdu nombre de ses adhérents, notamment à Paris – mais aussi et surtout pour l’ensemble du Front de Gauche et pour l’idée même d’espoir à gauche.

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