vendredi 20 juin 2014

Grève SNCF : Une défaite en trompe l'oeil !

Cheminot, comme beaucoup d’autres, je reprends le travail ce vendredi matin après 9 jours de grève. Je reprends le travail à contre-cœur car nous n’avons pas gagné sur le cœur de nos revendications : la recentralisation de la SNCF en une seule entité et non sa division en 3 établissements. Il faut savoir néanmoins reconnaître que – le débat parlementaire terminé – nous n’avons plus le rapport de force pour imposer de nouveaux reculs au gouvernement.

Pour autant, cette grève ne fut pas inutile, loin de là. Plusieurs amendements aux projets de loi – porté notamment par les députés Front de Gauche – ont porté de sérieux coups de canifs au projet de réforme, et seront de sérieux cailloux dans la chaussure d’un futur gouvernement qui voudrait aller plus loin encore dans le démantèlement de la réforme ferroviaire.

En effet, sans remettre en cause le principe fondamental de la réforme, ces amendements ont considérablement renforcé le rôle de « l’EPIC de tête » et l’unité du système ferroviaire. D’ailleurs, l’UMP ne s’y est pas trompé en commentant ainsi l’amendement Chassaigne : « Je félicite M. André Chassaigne pour cet amendement très habile: cette disposition d’apparence anodine fait virtuellement sauter la totalité de la réforme! » .

Quels sont ces amendements ?
Un amendement rappelle l’unicité du système ferroviaire et interdit donc de facto la séparation ultérieure des 3 Epics.
Un deuxième amendement impose le maintien d’un CE et d’un CHSCT commun au 3 EPICs,
Un troisième amendement confirme que les fonctions transverses (RH, informatique, services généraux…) seront localisés au niveau de l’EPIC de tête et non pas divisés dans les deux EPICS « Mobilité » et « Réseau ».
Mais l’amendement principal, à l’initiative du FdG, impose le maintien d’un employeur unique, l’EPIC de tête SNCF. Les cheminots ne seront pas séparés en salariés de « SNCF Mobilité » ou « SNCF Réseau ». Au contraire, les salariés de RFF reviennent à la maison mère et seront eux aussi salariés de la SNCF, au statut ! Ceci impose également une négociation salariale et sociale unique et fais que les cheminots resteront unis pour pouvoir continuer à lutter pour défendre le système ferroviaire et leurs conditions de travail.

Il est important de noter surtout que la lutte a trouvé partiellement un débouché au Parlement. Les salariés en lutte on su faire pression sur le parlement pour que soit voté in fine des amendements qui n’avaient pas l’accord du gouvernement à l’origine. Un groupe parlementaire – le Front de Gauche – a su se faire le relais des luttes syndicales et obtenir ainsi quelques (insuffisantes mais réelles) avancées. C’est une lueur d’espoir dans un avenir sinon bien sombre.

Donc oui, la lutte a payé. Imparfaitement, insuffisamment, mais elle a payé. Pour obtenir tout cela, les 9 jours de grèves étaient nécessaires, utiles et légitimes. Je ne regrette rien, même si j’aurais souhaité avoir plus.

1 commentaire:

  1. Camarade, tu te trompe complètement sur l'employeur unique.
    Je t'invite à bien lire le texte de loi : la notion d'employeur unique ne concerne QUE la collecte du 1% logement et des allocations chômage (ce qui d'ailleurs ne concerne que les agents contractuels) !
    En revanche, le texte dit parfaitement CLAIREMENT que nous aurons bien 3 employeurs distincts, car il y a 3 entreprises distinctes !

    Le CE commun c'est faux aussi, il n'est question QUE d'un CCE commun, quand au CHSCT commun, ce n'est écrit nul part dans le texte !

    La question des fonctions transverse au sein de l'EPIC de tête n'est pas dans nos revendications, car c'est un aménagement de l'éclatement de l'EPIC SNCF que nous refusions, mais bien dans celles de l'UNSA et de la CFDT !

    Et sur le caractère "indissociable et solidaire" du pôle public (amendement EELV), c'est vraiment se payer de mots et prendre ses rêves pour des réalités !

    Bref, il faut faire attention avec les effets d'annonce du gouvernement et rester ferme sur nos principes, à l'exemple de Gibert Garrel, notre secrétaire général de la fédération CGT des cheminots qui dénonçait ces amendements comme étant de l'enfumage !

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